#JaiLu "Derrière le succès des microentrepreneurs, des conditions de travail et une protection dégradée" en lien avec ma note 2024-07-12_1346.
« J'ai reçu près d'un millier de messages en quelques jours et beaucoup d'insultes. » Députée (dissidente socialiste, siégeant dans le groupe LIOT) de l'Ariège, Martine Froger n'imaginait pas que sa proposition de loi visant à limiter le régime de la micro-entreprise à deux ans, déposée le 17 septembre, déchaînerait autant les passions. « Cela partait du constat que certains artisans de ma région ne trouvent pas de personnel, car les indépendants leur prennent des chantiers. Il y a une concurrence déloyale » , explique-t-elle. Exposée sur les réseaux sociaux par des microentrepreneurs expliquant leur attachement à ce statut et par une pétition ayant recueilli plus de 60 000 signatures, l'élue a finalement retiré son projet.
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La FNAE se satisfait d'avoir obtenu, en juillet, l'augmentation des cotisations de certaines catégories de microentrepreneurs, pour financer leur retraite complémentaire, « soit 600 000 personnes », selon Grégoire Leclercq. Seul problème, le taux de prélèvement passera progressivement de 21 % à 26 %, d'ici à 2026, ce qui risque paradoxalement de mettre en danger la viabilité de certaines entreprises.
Pour le président de la fédération des autoentrepreneurs, le régime peut être encore amélioré. « Demain, tout le monde cumulera des boulots, c'est le sens de l'histoire, imagine-t-il. On aura peut-être 80 % de la population, dans vingt ou trente ans, qui aura été microentrepreneur à un moment. Il faut que le régime perdure, mais en renforçant les droits à la formation et la protection sociale. »
« On ne résoudra pas la précarisation du marché de l'emploi en supprimant le statut, mais, en l'état, on crée des cohortes à venir de retraités précaires, juge, de son côté, le chercheur Jean-Yves Ottmann, qui a travaillé sur le recours à l'autoentrepreneuriat chez les agents commerciaux dans l'immobilier. Le statut devrait être réservé aux activités transitoires et d'appoint, avec un plafond illimité la première année et très bas ensuite, pour éviter que les gens y restent longtemps. »
« Il y a du travail à faire sur ce statut, résume la députée Martine Froger, qui va lancer des auditions pour affiner sa proposition de loi. J'ai compris que, dans certains secteurs, cela avait apporté beaucoup de bonnes choses, mais on a un modèle social à porter : si tout le monde devient autoentrepreneur, on est mal. Il faut juste réguler un peu les choses. »